Jengui – L’esprit de la forêt

Projet d'installation au Musée du quai Branly

Depuis des dizaines d’années, la Terre se délite sous nos pieds. Tous les scientifiques, toutes les organisations internationales nous alarment sur l’effondrement de la biodiversité qui conduit à une disparition critique des vies, une extinction massive comparable à celles qui ont jalonné l’histoire ancienne de notre planète, cette fois-ci sous la seule responsabilité des êtres humains. Et toutes les espèces payent un lourd tribut au grand propriétaire humain. Avec ce grand effacement en cours, notre Terre s’ensilence.

La forêt du bassin du Congo en Afrique centrale, deuxième plus grand massif forestier équatorial de la planète après la forêt amazonienne, n’échappe pas aux menaces terribles et complexes de notre temps. Elle couvre près de trois millions de km2 et s’étend sur six pays d’Afrique centrale: le Cameroun, la République Centrafricaine, la République du Congo, la République Démocratique du Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale.

Les peuples pygmées habitent cette forêt primaire depuis plus de 60 000 ans. Les Bakas, principal peuple pygmée du Cameroun, vivent aujourd’hui dans le sud-est du pays où des sociétés d’exploitation forestière rasent jusqu’alors plus de 20 000 hectares de forêt vierge par an, détruisant les vivants et poussant ce peuple de chasseurs-cueilleurs hors de la forêt, sa seule richesse. Les Bakas font face à une menace existentielle. Plus la jungle recule, plus leur culture et leur vie même sont menacées.

L’installation L’esprit de la Forêt – Jengui se définit comme une ode à la vie de cette partie du monde, un hommage vibrant aux pygmées Baka et à la forêt.

Elle consiste en un écosystème sonore et lumineux qui convie le public à une immersion le jour et la nuit dans la vie de la jungle, de l’aube à l’aube aux côtés des Bakas. Elle se veut une expérience poétique et exploratoire totale qui va mener le spectateur le long des chemins d’une forêt primaire réinventée, à l’écoute hypersensible des vivants et des éléments, et à la rencontre musicale de ce peuple ancestral.

Ce dispositif, volontairement, n’implique pas de présence d’artistes ou d’intervenants sur scène, mais sera présenté et partagé dans le théâtre, lieu de diffusion de spectacle vivant. En effet par-delà la difficulté inhérente à la présentation de rituels pygmées déracinés de leur terre d’origine, c’est l’absence même des Bakas qui fait ici sens dans le contexte de la disparition progressive de leur culture et de leur peuple. On les entend, on les imagine, on les devine mais on ne les voit pas.

Ce que l’on voit est une forêt de lumière, la Canopée réfléchie de Yann Kersalé . Cette œuvre se compose d’images matières vivantes de la forêt projetées et réfléchies sur des arbres de lames Led disposés dans le théâtre. Elle sera reliée jusqu’au dehors à son installation L’Ô dans le jardin du musée.

Synchronisée à l’espace de sensation visuelle, c’est la Symphonie Forestière** de Gilles Monfort que l’on entend, composée à partir des sons de la forêt préalablement enregistrés et collectés in situ avec les Bakas: ceux des chants, musiques et rituels pygmées, des animaux, des insectes, des arbres, de la pluie et des rivières…; l’oeuvre sonore sera diffusée en trois dimensions dans l’espace du théâtre.

Témoin de la vie des pygmées Baka et de la forêt, et de ce qui les lie depuis la nuit des temps, L’esprit de la Forêt – Jengui dévoilera un méta-monde mémoriel, un espace rituel et poétique, un théâtre de la vie.

 

Jean-Hervé Vidal, conception, production

Gilles Monfort, création sonore

Yann Kersalé, création plastique

en collaboration avec les Pygmées Baka, Romain Duda, éco-anthropologue (Institut Pasteur), Bergame Périaux (ImmersiveBB) & Amadeus, spécialistes de la 3D Audio, Simha Arom, ethnomusicologue.

Projet non réalisé


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